vendredi 20 avril 2007

ARGENTINE. Te quiero sur...

Un long silence qui traduit 2 semaines trop remplies. Buenos Aires ne pourrait se traduire en quelques mots... Arrivée en gougounes et en petits shorts en plein automne argentin alors que les manteaux d'hiver circulaient dans la ville, ma première activité a été de m'acheter pantalons, souliers et polar. Et commence le portugnol qui ne m'a pas quitté tout le long du voyage. Ma seconde activité avait été prévue longtemps d'avance : un gros steak juteux aux champignons accompagné d'un bon vin dans un resto populaire de San Telmo, le Desnivel, sur lequel je suis tombée par hasard. J'ai recidivé le lendemain en étant un peu plus aventureuse cette fois et j'ai opté pour les boudains, saucisses et provolone grillés avec un Vasco Viejo à la santé de Gergely. 5 pesos le verre ou 8 pour la bouteille, on ne se demandera pas ce que j'ai choisi. Pour la partager, j'ai trouvé trois Argentins journalistes des plus sympathiques. On est allé par la suite faire du tourisme de nuit (la Plaza de Mayo sur la photo) et on ne s'est plus quitté. C'était le début d'une folle semaine sans sommeil afin de profiter au maximum de cette ville qui ne dort jamais. Résultat: une moyenne de 3 à 4 heures de sommeil par nuit. C'est que j'ai participé pendant trois jours d'horaires ultra chargés aux fameuses Premières journées internationales sur l'eau et la jeunesse qui réunissaient des participants de partout sur la planète, mais en grande majorité de l'Amérique latine. Ce fut plutôt fructueux du côté des contacts avec diverses organisations, mais les conférences comme telles étaient assez sommaires et l'esprit de confrontation instinctif et primaire, trop présent. Trouvez Geneviève dans la photo plus bas... Mais bon, j'ai été logée gratuitement dans un hotel qui, je l'ai appris sur place, est tomado, c'est-à-dire qu'après avoir abandonné par son propriétaire suite à une faillite, les 170 employés ont formé une coorporative et font fonctionner l'hotel au grand dam de son propriétaire qui veut évidemment le reprendre. Ces mouvements en Argentine sont de plus en plus populaires et Naomie Klein en a fait un documentaire extrêmement intéressant avec son mari Avy Lewis intitulé The Take (La Toma). Une semaine, ce n'est rien. C'est quand même assez pour se apaixonar (un verbe brésilien qui veut dire "tomber en passion"). Cette Europe latine m'a séduite à tous les niveaux : gastronomie aux influences italiennes et sa viande savoureuse (oui, oui, j'ai bien dit savoureuse...ce fut une grande réconciliation), le côté relax des latinos, le raffinement européen, la belle gueule des Argentins et surtout, leur étonnante galanterie qui m'a d'abord déconcertée avant de trouver ces petites attentions respectueuses plutôt agréables (surtout que j'arrive tout droit du pays de la non subtilité). C'est un art argentin d'allier la modernité aux traditions machistes. J'ai profité de mes quelques journées pour faire le tour des quartiers les plus jolis, acheter 4 paires de souliers (c'est le pays du cuir et le peso argentin est ridiculement bas pour le grand malheur de ses habitants), fouiner dans le marché d'antiquité du dimanche où j'ai déniché une bombilla d'argent (paille pour le mate) de toute beauté que j'ai négocié jusqu'à satisfaction, visiter le Malba (Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires) et pris des cours de tango (je connais maintenant les 7 pas de base, ne me reste plus qu'à apprendre les centaines de variations). Avec ma copine Angela, une photographe portugaise de Porto, j'ai passé une journée mémorable à essayer des chapeaux (sur la photo, on peut constater sous mes yeux le résultat de 6 nuits de 3 heures) et à filmer des séances de tango. Ah...le tango. Non, je n'entre même pas là-dedans. Le bandoneón (cet accordéon mélancolique), les danseurs nostalgiques... Observez sur la vidéo la perfection des mouvements. Art élitiste, seuls dansent les initiés, comme j'ai pu le remarquer au bal où Franco m'a amené. Remarquez sur la photo la grâce de mes pieds tout croches et de ma jambe maladroite. De toute beauté. Art machiste, c'est l'homme qui décide quelles séquences de mouvements seront exécutés. Surtout, c'est lui qui, par un coup de menton subtil, invite sa partenaire à danser avant de lui tourner le dos et de marcher vers la piste sans attendre une réponse. L'objectif de cette pratique est clair : éviter l'humiliation du refus direct de la femme et ainsi, préserver l'honneur de l'homme. Pire, cela renverse la situation et c'est justement la femme qui, croyant avoir été invitée, peut subir l'humiliation de devoir retraverser la piste de danse après avoir suivi un homme qui avait seulement eu un tic en passant devant elle. Myopes, à vos lunettes! C'est avec une mine décousue et le coeur dans la gorge que je me suis rendue à l'aéroport le 17 à 17h pour repartir vers mon Brésil. Je n'y croyais pas lorsqu'on m'a annoncé que mon vol avait été annulé et que je ne pourrais repartir que le lendemain!!! Au même moment, un orage éclate et les éclairs déchirent le ciel. Est-ce que je suis dans un film? Mon état onirique me le laisse croire. Taxi, direction Buenos Aires!!! Franco, un des 3 argentins, m'a accueilli avec des pâtes délicieuses et a ouvert une de ses bonnes bouteilles pour l'occasion. Je suis repartie sereine et reconnaissante pour cette extention fortuite, convaincue de revenir un jour...bientôt.

lundi 2 avril 2007

1h de bus+1h de bateau+1h de tracteur = PARADIS

Je reviens d'un weekend sur une petite île absolument fantastique, Cotijuba (pas la peine de la chercher sur une carte du monde: elle n'existe pas!) où j'ai séjourné en solitaire, question de me remettre d'une semaine de travail surchargée en raison de mon "congé de maladie". Cet endroit n'est que plages désertes, rivières et forêt. L'électricité y est arrivé il y a à peine 3 ans et aucune voiture n'y circule, seulement des vélos, des chevaux et des tracteurs-autobus (!). On peut voir sur la vidéo ce transport public inusité, filmé alors que je traversais le village.
J'ai marché sur le litoral pendant des heures et je n'ai croisé qu'un pêcheur qui m'a regardé avec un certain étonnement (c'est vrai que je m'étais joyeusement beurrée la face d'argile blanche trouvée sur mon chemin en guise de masque de beauté). Puis, un orage a éclaté, ce qui m'a permis de mettre ma caméra supposément hydrofuge à l'épreuve de l'eau pour la première fois. Succès!
J'ai passé la soirée à discuter avec Adriana, la proprio du pousada (petite auberge), qui est également à la tête du Mouvement des femmes des îles périurbaines de Belém. Cette organisation gère plusieurs projets de développement social et économique des communautés insulaires. Je n'ai pas pu m'empêcher de discuter avec elle des possibilités d'intégrer un de leurs projets aux activités d'Ecomaris au Brésil... Puis la pleine lune s'est levée et m'a inspiré un bain de minuit délicieux, irréelle pureté du paysage. Photos non disponibles.
Le lendemain, j'ai rencontré un jeune homme de l'endroit qui m'a offert de l'accompagner pour une ballade en forêt... à vélo! Il faut imaginer : une forêt tropicale, des vélos de ville aux freins douteux, un petit sentier entrecoupés de trous de vase et de rivières... Le tout, en gougounes Havaianas. Une aventure incroyable. J'ai même eu la chance (ou la malchance) de croiser un jacaré, c'est-à-dire un crocodile! Il faut dire qu'il était minuscule, mais j'ai pensé que sa mère n'était peut-être pas très loin, alors je me suis sortie les orteils de l'eau assez vite merci.
Comme Cotijuba est une île fleuviale, la marée envahit la végétation riveraine sur plusieurs mètres et les pluies abondantes gonflent les igarapés (ces petites rivières typiques de l'Amazonie telle que celle sur la vidéo). Ces phénomènes donnent naissance à des arbres aux racines courageuses qui s'adaptent aux caprices de la lune et qui arrivent à se garder au sec grâce à leurs grandes pattes.
Mon nouvel ami et moi continuons la ballade jusqu'à chez sa grand-mère qui possède un arbre de jambu!!! Ouais! On s'est empiffré pour reprendre des forces, puis on a coupé vers la plage où la marée haute nous a forcé à traversé des embouchures d'igarapés, l'eau jusqu'à la taille et les vélos au bout des bras. Inutile de dire que la dengue n'est plus qu'un lointain et étrange souvenir.
Voilà, j'espère avoir donné un peu de verdure et de chaleur humide à mes Québécoises et Québécois qui attendent toujours les bourgeons sous un gouvernement libéral...