mercredi 7 février 2007

BRASIL. Flamenco brasileiro

La notion de pollution par le bruit n'existe pas au Brésil, pour le meilleur et pour le pire. Le pire : ces fameux "aparelhagens" (des systèmes de son ultra puissant et très à la mode ici) que l'on place dans le coffre-arrière de sa bagnole (le concept : on stationne son char n'importe où, on ouvre le coffre, on blast la chanson populaire de la saison en mode répétition, on ouvre la bière, et le party est pogné.) Le meilleur : du flamenco à toute heure du jour et de la nuit (sans aucune vergogne) dans le local de Fotoativa, cette maison coloniale où l'écho est hallucinant. Il se forme alors à la porte un petit attroupement d'enfants (et de grands enfants) qui écoutent et se demandent quelle pourrait bien être cette percussion étrange. Un jour, je me vêtirai d'une jolie robe et je laisserai la porte grande ouverte... Cet après-midi, seule, j'ai enfilé mes souliers. La lumière du soleil, si précieuse en cet hiver pluvial, convergeait sur ce point précis du sol. Ça m'a inspiré quelques pas...

Lorsque je passe devant cette maison qui se trouve sur mon itinéraire quotidien entre ma maison et Fotoativa, je m'arrête toujours pour contempler son balcon en mosaïque, son jardin au plantes bourgognes et la mulher de sa façade (sur la photo). Quel contraste avec l'énergie de cette rue où hier encore, on a attaqué un commerçant à 18h30, soit 20 min avant mon passage. Résultat : 3 balles dans le corps. Il n'est pas mort (selon l'épicier qui me racontait l'épisode).
Plus que 3 jours avant le grand départ pour le Carnaval. 324 chansons dans mon lecteur MP3 pour 36 heures d'autobus...presque dix chansons à l'heure, ça devrait faire l'affaire. Un temps d'arrêt national, mais aussi très personnel. Il me permettra d'intérioriser ce premier mois d'intensité en canne, à tout les égards. La création d'un partenariat au Brésil est, je crois, extrêmement dense sur le plan humain. Tout est extraordinairement subtil ou "in your face", sans ou trop de détours. Mon instinct fait du temps supplémentaire. Les méthodologies de bouquins valent ce qu'elles valent dans un contexte où l'interculturalité domine tous les champs. Bref, le bilan jusqu'ici : beaucoup de discussions (philosophiques), énormément de questions (sans réponses), plusieurs tentatives d'éclaircissements (sans succès). Mais aussi : des rencontres extrêmement inspirantes, une organisation qui bourgeonne de projets et qui veut s'ouvrir sur le monde. Au niveau des principes, des valeurs et de la nature des projets, Fotoativa et Ecomaris sont des jumeaux fraternels égarés à la naissance. Reste à voir comment on va arranger les grandes retrouvailles. On est dans un dynamisme à l'état pur et il faut juste savoir danser sur la musique du moment. Deux semaines de samba, de frevo et de maracatú devraient faire l'affaire pour définitivement me régler au rythme brésilien.
Justement, l'homme que l'on voit allongé sur le banc, c'est le chauffeur d'autobus qui, probablement assomé par sa feijoada du midi(plat national du Brésil qui consiste en un lourd ragoût de fèves noires), a décidé de s'arrêter pour faire une petite sieste, question de bien digérer. Juste comme ça. Ici, il faut aussi savoir MARCHER sur la musique...

Petite relâche "blogale" pendant le Carnaval, étant évidement sans mes bidules électroniques pour cette période...sauf l'appareil photo, bien sûr (s'il résiste à l'attrait des mauvais oeils). En espérant croquer de jolies photos pas trop compromettantes pour pouvoir les partager à mon retour. ;-P

mardi 6 février 2007

BRASIL. Est-ce que les cheveux peuvent moisir?

On vient d'annoncer que la quantité de pluie tombée à Belém au cours de cette première semaine de février totalise la moyenne mensuelle habituelle. Les orages perpétuels des 3 derniers jours commençaient à transformer mes déplacements en douches inévitables et comme le concept sec-mouillé n'a définitivement pas été inventé ici, la "sequitude" devient un bien précieux...j'ai investi dans un parapluie, finalement. Cette pluie a toutefois pour effet néfaste de créer des bassins d'eaux stagnantes, nids de ces moustiques porteurs de la fièvre dengue, une véritable épidémie ici actuellement. Un aperçu d'une cour d'école inondée, comme plusieurs rues d'ailleurs.
En ce moment, c'est aussi l'époque de reproduction d'un type de coléoptère gros comme un petit rat. Petit "animal" nocturne, la maison s'en rempli une fois le soleil tombé. Lorsqu'ils se promènent dans la cuisine, leurs petites pattes frappent sur la céramiques, de petits tic-tic-tic-tic saccadés, ces bestioles étant de grands nerveux (plutôt difficiles à photographier). Disons que je bois moins d'eau la nuit de peur d'en écraser un pieds nus lors de mes expéditions à tâtons vers la salle de bain, leur coin préféré.
J'ai essayer en vain de trouver un remède pour repousser tout envahisseur indésirable (y compris ceux d'espèce humaine), mais cette herboriste du Marché Ver-O-Peso n'a pu que m'offrir des herbes et des concoctions pour attirer les hommes ou les faire tomber amoureux...comme si les Brésiliens avaient besoin de ça! Bref, j'ai quand même acheté une méchante réserve de poudre de Guaraná (ce fruit tropical, très prisé par les indigènes pour ses effets énergisant) et des parfums naturels au patchouli et au cheiro do Pará, mais je n'ai pas pu résister à la concoction "abre caminos" ("ouvre les chemins")... À voir, à voir...
Ce matin, on a procédé au soulignement symbolique de mon séjour à la maison de Patricia. À sa demande, on a planté dans le jardin un arbre que j'ai soigneusement choisi : un arbre à graviola, ce gros fruit à pulpe blanche qui a été mon premier coup de coeur fruitier lors de mon premier voyage au Brésil il y a 7 ans. Les racines de cet arbre ne s'étendent pas à la surface de la terre, mais plongent plutôt vers le fond...
Et question de taquiner la simultanéité, voici des photos prises il y a deux heures à peine au local de Fotoativa, alors que j'assistais à un atelier de photographie que Miguel donnait ce soir. Intégré au projet Olhos d'Agua (mais qu'est-ce qui n'en fait pas partie?), ce cours de 3 mois à pour objectif ultime de transformer et d'approfondir la relation du photographe avec la lumière, la machine et l'objet photographié. Développer l'instinct de l'instant.

jeudi 1 février 2007

BRASIL. Tout court

J'ai enfin trouvé un appart! Voilà, c'est confirmé à la brésilienne (lorsque j'ai exigé que l'on signe un quelconque engagement, c'est comme si j'avais parlé une autre langue). J'aménagerai dès mon retour du Carnaval, fin février, dans une chambre de cette grande maison, à une rue de mon chez-moi actuel (c'est-à-dire la maison de Patricia qui apparaît sur la photos.) Dommage de laisser cette maison-musée, remplie d'art et de bebelles soigneusement choisies. Aussi parce que j'adore le jardin dans la cour arrière où j'ai installé mon nouvel hamac, et que Patricia et moi partageons exactement le même degré de pudeur, ce qui était excellent vu les conditions climatiques.
Hier soir, pleine lune. Nuit de la Santa das Candeias (Sainte des chandelles) où les habitants de Belém allument une chandelle au bord de leur fenêtre. On m'a amené chez le fameux Gilton. Une fois passée la porte anonyme du petit quartier résidentiel, on entre dans un bar ouvert du vendredi au dimanche uniquement, car en fait, nous sommes carrément dans la maison du Gilton. Ambience famiale, éclairage aux néons, des enfants qui courent partout, des musiciens qui se relaient constamment sur la scène. On y joue le fameux chorinho (cho-ri-gno), une samba dite "plus élaborée", accompagnée de flûte et caractérisée par ses accélérations et ralentissements soudains. Hyper populaire ici. Voici un petit extrait, s'il est possible d'y entendre quelque chose...
On est en plein Festival du cinéma brésilien à Belém, et il y a des projections de court métrage qui durent toute la nuit!!! Alors en sortant de chez Gilton, on fait la tournée jusqu'à 5h du matin. Plus la nuit avance, plus les court métrages hors concours sont de nature à controverse, pour toutes sortes de raisons...
Encore une fois, les vampires croisent les oiseaux et on assiste à l'aube à l'arrivée des pupunhas (pou-pou-gnas) au marché, ces petits fruits de palmiers qu'on fait bouillir comme des patates et qu'on déguste avec beaucoup de beurre, ainsi que des cupuaçus, un fruit des plus parfumés qui est dans mon top 10 de saveurs de crème-glacée.
Aujourd'hui samedi, lendemain de nuit blanche, jour de coupe de cheveux dans le jardin sous la pluie et jour de repos bien mérité après une semaine qui commence à ressembler à du travail.