mercredi 23 mai 2007

BRASIL. Poroc Poroc!!!

Le mot Pororoca vient du terme Poroc Poroc, qui signifie "destructeur" dans le dialecte des indigènes de la région du fleuve Amazone. Après avoir vu de près (et de trop près) cette vague immense qui pertube le calme habituel de la rivière Araguari trois jours avant et après la pleine et la nouvelle lune, je comprends.
Je reviens chez moi étourdie et émerveillée. Devant la Pororoca, on éprouve de la fascination, on s'écline devant la force de ce combat de la marée. De la peur aussi, lorsque son bateau à moteur plante alors qu'on voit la vague de 3 mètres qui fonce sur nous. Devant nos petits problèmes mécaniques et pour des raisons de sécurité, Beto me transfère dans le bateau des pompiers (me semblait qu'ils combattaient le feu eux-autres...). Erreur. Un surfeur qui s'est fait engloutir par la vague est en détresse. C'est alors qu'on fonce sur la vague et qu'on fait un saut digne d'un épisode de Bay Watch. Moi, je tiens ma petite caméra avec mon petit doigts, alors que les autres tentent du mieux qu'ils peuvent de s'aggriper aux bords de la chaloupe à moteur. Petite overdose d'adrénaline.
Même si le voyage avait comme principal objectif de briser un record de surf (ce qui n'a pas été fait de par 3 minutes), je dois dire que l'expérience a surtout été des plus riches à tous les autres niveaux. J'ai adoré les 5 matins où, encore plongé dans l'obscurité, nous partions vers l'embouchure de la rivière. La première sortie à 4h du mat à été plutôt pénible, alors qu'une pluie nous tombait dessus, qu'on n'arrivait pas à trouver notre chemin plongé dans la noirceur totale de la nouvelle lune et qu'on pouvait voir flasher des yeux de jacarés (alligators) lorsque nos lampes de poches balayaient les rives. En guise de préparation à la pluie, au vent et l'obscurité, je m'étais enduite de crème solaire. Bravo. J'ai pensé mourir d'hypothermie, sans blague. Et ce, directement sur la ligne de l'Équateur. Qui l'eût cru?
Sinon, des aubes magnifiques où un groupe d'une douzaine de dauphins venait nous visiter au même endroit alors que l'on attendait la grande brune. Je n'ai jamais réussi à en capter sur film virtuel alors qu'ils se donnaient en spectacle en sautant bien haut dans les airs afin que l'on puisse admirer leur peau rose. Chaque matin, la lumière aussi offrait un spectacle différent, comme on peut le voir sur les photos.
Comme si ce voyage spontané n'était pas assez riche en beautés naturelles, j'ai également eu l'opportunité de cotoyer pendant 8 jours le très sympathique direteur de Navegar Amazonia, Beto, et Gavin, leur cinéaste. Une semaine a été suffisante pour élaborer (et écrire, grâce à leur équipement informatique) la finalisation du projet d'Ecomaris au Brésil et la contribution de Navegar au projet. Navegar Amazonia est d'abord un rêve : celui de démocratisation des médias et de leur utilisation par les habitants des communautés amazoniennes afin de divulguer leur culture selon leurs propres paramètres. Beto, un passionné au premier degré, a donc profité du voyage pour visiter une communauté sur pilotis (parce que tous les villages sont construits sur pilotis et ressemblent à Venise lors des marées hautes) afin de connaître et de filmer les histoires des habitants sur la Pororoca. Bref, au-delà du record de surf, il y a tout un monde mythique à découvrir.
De belles rencontres aussi avec 2 journalistes surfistes de la Globo, la principale chaîne brésilienne qui couvrait l'événement. Leur arrivée a été surréelle : alors que je pêchais des crevettes en canot, je vois un hélicoptère se poser dans la bouette de l'enclos de porcs. Ayoye! L'un d'eux à même tenter sa chance sur la planche. J'ai regretté après coup de ne pas m'être essayer... La fin de la Pororoca était plus tranquille, et lorsqu'elle entrait dans l'igarapé où on avait ancré le bateau de Navegar Amazonia (petit point au loin sur la photo), elle aurait été parfaite pour moi. Mon seul regret. J'aurais 23 millions d'histoires à raconter, mais on dit que ce qui est dit sur un bateau reste sur le bateau. Alors je me tais. Dans quelques heures, c'est le départ vers Curuça, ma dernière destination avant mon départ "définitif" de la région amazonienne. Les guillemets, ça veut dire que j'ai dit "à l'année prochaine" à l'équipage de Navegar Amazonia...

jeudi 17 mai 2007

BRASIL. En direct de l´Amazonie

Meme si je suis actuellement sur une riviere de la région d`Amapá en pleine foret amazonienne, je suis quand meme connectee a internet grace au bateau techno de Navegar Amazonia, cette ONG qui accompagne la tentative de Serginho Laus de briser son propre record de surf qui officiellement de 10.1 km pendant 33 min et 15 sec. C est vraiment une espece de drole d´aventure avec cette gang de surfers et de médias sur le bateau. Nous sommes 25!!! Les hamacs sont plus que tassés. C`est qu`on sort avant le lever du soleil a bord de petits bateaux a moteur vers le confluent de la riviere Araguari ou, a toutes les 12 heures, se manifeste cette vague gigantesque qui devient titanesque lors des nouvelles et pleines lunes. Le partenariat avec Navegar Amazonia (http://www.navegaramazonia.org.br/) , ce projet de bateau technologique qui se veut un moyen de documentation et de divulgation des cultures des communautés riveraines de la région amazonienne, se fait tout seul. Beto, le coordonnateur et co-fondateur de cette organisation, et moi passons nos journées a imaginer tout ce que Ecomaris et Navegar Amazonia pourrait faire ensemble. On s`entend tellement bien, on a le meme rythme et le meme degre d´organisation. Bref, on trippe comme de vieux amis (littéralement) tout en definissant notre partenariat qui se concretisera l´année prochaine. En fait, on a toute nos journées pour discuter, se promener en canots (je capote: les crevettes sautent dans mon canot lorsque je plante mon aviron dans l`eau. Ma récolte d´hier: 61 crevettes que j´ai fait sauter dans l´huile et l´ail!), observer les oiseaux, manger de l´alligator (fraichement tué par un fermier de la rive...delicieux en fait...entre le poulet et le poisson), sans oublier la sieste en apres-midi. Gavin Andrews, leur webmestre/cinéaste (un Montrealais!), est aussi extremement sympathique. Disons qu´il me donne un bon break des conversations machistes de Serginho et de ses petits amis. Les photos sont de lui d´ailleurs, parce qu´évidemment, j´ai oublié mon cable de transfert de photos. Elles ont été prises le premier jour, alors que la vague n´etait pas encore a son meilleur. A mon retour, je posterai quelques photos ici, et peut-etre quelques videos aussi, si YouTube recommence a etre fonctionnel a Belém. Pour l´intant, je retourne a la realite non-virtuelle, avec accents, odeurs et saveurs.

jeudi 10 mai 2007

BRASIL. Un poisson dans l'eau

Après 2 heures de bateau, d'une demi-heure de popopo (petit bateau) et d'une autreademi-heure de marche sur piloti horizontaux en forêt, j'arrive dans la communauté de Cupuaçu composée d'une trentaine de familles dispersées sur le bord de l'igarape du même nom. C'est ici que le groupe de jeunes ICA réalisent leurs projets de plantation d'açai et de formation en agriculture écologique. Nous sommes accueillie chez Daria, une femme extraordinaire qui vit avec son mari récemment devenu aveugle suite à une opération de cataracte ratée... Son voisin est quant à lui paralysé depuis 5 mois après avoir reçu une balle qui a fait éclaté son tibia. Il a marché par mégarde sur une armadilha, un fusil modifié qui sert de piège de chasse... C'est la réalité des habitants de la forêt amazonienne qui vivent entre 2 mondes et semblent souvent y perdre. Notre voyage depuis Belém nous a évidemment creusé l'appétit. Nous sommes donc invité à manger à la maison du doyen de la communauté, senhor Queiros (qui ne fait pas ses 97 ans), où on fête l'anniversaire d'un de ses innombrables fils. Malgré l'absence d'électricité, on fait fonctionné le système de son à batteries à fond, si bien qu'il nous est impossible de s'entendre parler. Il ne reste qu'une chose à faire: danser le forró. Puis la chaleur nous amène à prendre un bain d'igarape, malgré les anguilles électriques qui y circulent... On fera ensuite une randonnée en forêt où les jeunes me montrent avec fierté la plantation d'açai biologique, fruit de leur premier projet. Il y a de quoi être fiers: 11 rangées de 16 plans qui fourniront un revenu stable à cette communauté lorsque les petits
fruits bleus abonderont sur les branches d'ici à 3 ans. En attendant, on fait pousser toutes sortes de cultures à croissance rapide telle que le maïs afin d'atténuer l'impatience de l'agriculteur passionné. À la tombée du jour, on installe nos hamacs chez Daria...et on va se coucher. Il est même pas 20h. Patricia et moi, on se regarde. Deux
insomniaques endurcies. On pouffe de rire. 20h! Une heure plus tard, je ronflais de plaisir. Le grand air m'a eu. À l'aube, après avoir avalé café et biscuits en vitesse, on part en expédition au coeur de la forêt. Je me sens comme un poisson dans l'eau. Je grimpe partout, j'ai de la bouette plein la figure, je me baigne dans toutes les sources sur notre chemin, j'avironne à fond. Après tout, je viens d'un pays dit sauvage! Je dois dire que ma témérité a impressionné les habitants de la place qui s'attendait au contraire. On m'a surnommée a guerrera, "la guerrière"! J'ai même été "baptisée" par Rosa, la présidente de l'Association des habitants de l'igarape Cupuaçu, alors que l'on prenait un bain de source ensemble. L'Association, c'est en fait Rosa et ses projets. Une femme déterminée, travaillante et extrêmement sympathique. J'ai l'impression qu'EcoMaris vient de trouver une autre alliée... Sur le chemin du retour, on a croisé un petit singe, un serpent venimeux et on s'est fait attaqué par une grosse bébitte volante non identifiée. Mais déjà, il fallait penser à réintégrer la ville avant la tombée de la nuit. *soupir* C'est le coeur lourd que j'ai quitté cette belle famille que je commençais à peine à connaître. Sur le bateau, alors qu'un orage éclate dans la noirceur, je pense à la soeur de Rosa qui a exactement mon âge et qui en est à son troisième enfant... Je pense à Daria et ses projets d'écotourisme et de construction d'un centre communautaire en palmier. Je pense à toutes ses guerrières que j'ai rencontré et je me dis que l'avenir de Cupuaçu
est définitivement entre leurs mains.

mardi 8 mai 2007

BRASIL. Amazonie 101

Pour l'instant, quelques petites photos commentées sur le weekend que j'ai passé dans la communauté de Cupuaçu au milieu de la forêt amazonienne, le temps de faire un triage des 232 photos et vidéos et des 764 anecdotes que je voudrais partager...
Le fruit du urucum est utilisé par nombre de tribus autochtones afin de teindre leur peau d'un rouge vif. Il est également utilisé dans des rituels religieux.
Des mangroves qui bordent les igarapés, ces petites rivières qui traversent la forêt amazonienne.
D'autres racines étranges, celles du açaizeiro, l'arbre qui produit, ben, le açaí!
Les arracachos sont nombreux au bord de la rivière. En plus de ses nombreuses propriétés médicinales, on peut fabriquer du papier avec ses fibres.
Les nids de termites sont énormes (on peut voir ma bottes dans le coin du bas à gauche)...
...et les fourmis aussi!!! Celle-ci pique en plus, d'où la photo prise en un quart de seconde.
Certains arbres sont coquets...
...d'autres sont énormes, comme ce fameux sumaúma qui peut atteindre facilement 40 mètres.
Les fleurs aquatiques sont exubérantes, sans aucune modestie.
Le cacau, fruit à la pulpe délicieuse et dont les graines grillées nous donnent le chocolat.
Un bouquet de champignons.
Tannés? Pas moi! Mais bon, j'arrête ici mon entrée didactique un peu chato comme on dit ici (c'est-à-dire plate). Mais je récidive un peu plus tard! Gnagnagna...

mercredi 2 mai 2007

BRASIL. Pororoca!!!

Juste comme j'étais en train de planifier mes 3 dernières semaines à Belém, voilà que le vent tourne aujourd'hui. Le directeur de Navegar Amazonia, une organisation d'Amapá (l'État voisin au nord) spécialisée dans la nautique, l'environnement et la vidéo, m'a invité à participer à leur expédition d'une semaine en bateau afin de filmer la tentative du champion de surf Serginho Laus de briser son propre record de temps. C'est que la Pororoca est une vague extrêmement bruyante...de 30 kilomètres!!! C'est un phénomène causé par la marée lors des pleines lunes et nouvelles lunes alors que les eaux marines pénètrent avec force les eaux fluviales qui sont alors repoussées sur elles-mêmes. Le débit énorme du fleuve amazone (plus de 100 000 mètres cubes par seconde!) permet de créer des vagues de plus de 4 mètres de hauteur. Inutile de dire que ce n'est pas pour les amateurs. Je suis entrée en contact avec Navegar Amazonia dans le but d'obtenir certaines informations techniques sur la diffusion en simultané des images filmées sur le fleuve, mais aussi pour les inviter à s'associer à Ecomaris alors que nos jeunes canadiens parcouriront le fleuve Amazone l'année prochaine et que seront projetées de petites capsules de leur vie en direct au Biodôme! Mais ça, c'est une autre histoire. Bref, quelle chance, je capote! Il ne me reste qu'à retarder pour une troisième fois mon billet d'avion vers Salvador da Bahia. J'ai l'impression que l'Amazonie me tient captive, et ça me plaît! Surtout, Amapá est un coin du Brésil que je ne connais pas encore. Traversé par la ligne de l'Équateur, 98% du territoire est couvert par la forêt. Je pense que je vais apporter mon anti-moustique parce qu'il ne manquerait plus que la malaria pour bien remplir mon carnet de santé. Mais je dois dire, quand même...OUAIS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (photo : Amazonsurf) Parenthèse pour ceux qui se débrouillent en portugais, voici l'article qui est paru ce matin dans le journal local, O Liberal, sur l'aventure prochaine d'Alexandre au Canada, raconté par une canadienne qui s'est fait interviewée au téléphone 3 minutes après son réveil, juste avant qu'elle prenne son café au lait. Malheureusement, dans la version en ligne, on ne voit pas la face sympathique d'Alex: Estudante paraense vai ao Canadá para encontro sobre preservação C'est promis, je posterai une vidéo de cette fameuse pororoca à mon retour. Et c'est juré craché, je ne m'essayerai pas sur la planche.

mardi 1 mai 2007

BRASIL. Belém, prise 2

Après ma folle aventure argentine, mon retour à Belém a été un véritable choc culturel en bonne et due forme. Je posais un regard nouveau sur tout, pour le meilleur et pour le pire. C'est comme si Belém avait entendu mes pensées et s'était lancée dans une campagne de "grande séduction". Ça commence par la Semaine des peuples indigènes du Pará, durant laquelle plusieurs expositions, ateliers et spectacles ont été organisés. Puis j'ai découvert que dans mon quartier, il avait un mouvement underground de récupération de porões (de sous-sols en bon français). Des artistes, nombreux dans ce coin de la ville, ont décidé de récupérer ces endroits inutilisés de leur propre maison pour créer des salles d'exposition ou monter des pièces de théâtre, ce qui a donné naissance au teatro de porão. J'ai eu la chance de vivre une des meilleures expériences théâtrale de ma vie à 2 coins de rue de chez moi. On entre littéralement dans la maison de Vlad (la maison verte sur la photo), une prolifique metteur en scène de Belém. Il y a uniquement de la place pour 9 personnes par représentation hebdomadaire, et il faut réserver longtemps à l'avance. Puis commence cette pièce bouleversante sur l'inceste et l'obésité dans laquelle Vlad joue toute nue. La proximité entre les comédiens et le public nous permet de saisir chaque petit détail du jeu (absolment fantastique) des comédiens, tel que la salive qui abonde dans la bouche de l'un qui fait une description tordue et cochonne de son rêve de poulet. Comme ce projet fait partie de la thèse de doctorat de Vlad, on procède ensuite à une discussion sur cette intense expérience sensorielle et émotionnelle. Bouleversant. La veille, j'avais assisté à une autre pièce de théâtre qui mettait en scène les prostituées de mon quartier. Un genre de musical historique grotesque qui expose ce que ce quartier de Belém avait été jadis avant de tomber dans la déchéance et l'indifférence: un quartier chic de prostitution de luxe fréquenté par les gens de la haute. Ce qui est extraordinaire de cette pièce, à part le fait que la majorité des actrices sont de vrais putas comme ils disent ici, c'est qu'à la toute fin, le public est invité à passer à travers la scène dans une ambiance de carnaval pour sortir par la porte de derrière et aboutir dans la rue qui est en fait LA rue de la prostitution...et la parade continue à l'extérieur avec les comédiennes d'un soir et les prostituées en service qui attendent leurs clients réels et le public tout désorienté. Une transition brutale de la scène au trottoir, de la sécurité du théâtre à la menace réelle de la rue sur une musique de samba qui résume si bien la dualité brésilienne de la joie inconditionnelle malgré la dure réalité de la misère au quotidien. J'ai pris une photo de ce coin de rue à la va-vite parce que seuls les imbéciles y sortent leur caméras. La voiture cache une jeune fille qui déambule complètement nue dans la rue... À mon retour de la Alejandría de Sudamérica , j'ai senti aussi l'urgence de l'action, sachant que ma prochaine visite à l'aéroport serait pour quitter définitivement (bon, peut-être pas aussi définitivement que je le crois) cette ville qui m'a accueillie pour 4 mois. Plus une minute à perdre. Avec Alex, ce jeune homme de 21 ans qui quitte son Brésil pour la première fois pour se rendre dans "la très belle ville de Québec" afin de présenter le projet de son groupe (le ICA) à Lacs et rivières en fête, j'ai parcouru la ville en entier et foutu le bordel dans la bureaucratie brésilienne et canadienne afin d'obtenir son passeport et son visa avant le 14 mai prochain, date du grand départ. Nous avons réussi, mais je vais dormir sur mes deux oreilles uniquement quand je recevrai par la poste son visa tout chaud sorti directement des fours de São Paulo. Pour l'instant, c'est la préparation mentale, l'achat de gilets de laine (paraît-il que le printemps canadien est une grosse blague plate) et l'apprentissage des rudiments du français (allo, ça va, je veux être ton ami). Il faut aussi rassurer la maman, faire une entrevue avec le journal local et enseigner à Alex les rudiments de la caméra pin hole, ce que Miguel se chargera de faire. C'est qu'Alex deviendra l'ambassadeur du projet Olhos d'agua au Québec en présentant au participant les activités de Fotoativa, mais aussi un ambassadeur du Québec à son retour au Brésil alors qu'il présentera ses photos commentées à sa communauté. Patricia, notre partenaire cinéaste à Belém, commence d'ailleurs à tourner un documentaire sur l'expérience d'Alex et elle intégrera les photos pin hole du gamin à son retour pour transformer le tout en vidéographie. Ça promet. Parlant de sténopé (paraît-t-il que ce serait le terme en français pour pin hole...), le grand jour du Pin Hole Day à Belém a été un véritable succès pour une 6e année consécutive. Quelque 200 participants se sont inscrits chez Fotoativa et ont pu profiter de ces petites caméras merveilles qu'une vingtaine de bénévoles ont confectionnées toute la semaine (j'ai des ampoules) et des ateliers offerts par Miguel sur les confection de divers types de sténopés: boîtes d'allumettes, boîtes de conserve, et même la baptisée "Pin Lux", une caméra pin hole qui fonctionne avec un vrai film (on peut en voir un spécimen sur une des photos). La préparation d'un tel événement est gigantesque, et je dois dire que j'ai été impressionnée par la mobilisation des amoureux de la photographie de tous les âges et des bénévoles qui ont travaillé comme des dingues pour que cette journée soit mémorable. Vous pouvez consulter le blog de Fotoativa et voir d'autres photos prises lors du Pin Hole Day 2007 (ainsi que de jolies photos prises par des étudiants ou anciens étudiants de Miguel) à l'adresse suivante: http://www.espiandomundo.blogger.com.br Bref, en une semaine, j'ai réussi à me rattacher à mon petit coin de pays temporaire. Belém pour moi, c'est avant tout la rivière, mon quartier et ma maison. Ce sont ces gens extraordinaires que je rencontre chez Fotoativa, c'est mon vieux voisin de 67 ans assis sur son balcon tous les jours qui me demande en mariage à chaque fois que je le salue, ce sont mes colocs avec qui je partage un verre de cachaça un soir sur deux, ce sont ces putes qui chantent sur la scène et cette comédienne qui pleure toute nue dans sa cave. Oui, Belém me rentre finalement dans le coeur. Comme dit mon ami Marco, born and raise in Belém City: "Belém est comme une vieille pute de qui on s'ennuie".